Consommation. « Des contrefaçons 3.0 » : les entreprises de la beauté alertent sur les "dupes" cosmétiques

« Arrêtez tout ! Les mêmes en moins chers. » C’est avec une vidéo au titre aguicheur qu’une youtubeuse tente d’attirer les consommateurs vers des ''dupes'' (terme issu de l’anglais duplicate, soit copie en français). Des produits présentés comme des équivalents à ceux des marques, mais à bas prix. Parfums, maquillage, soins… La liste des produits concernés est longue.
« Ils imitent le packaging, la fragrance, la texture des produits de marque. Mais leur formulation est très différente. C’est comme comparer un plat surgelé avec celui préparé par un grand chef », fustige Xavier Guéant, directeur juridique, économique et international de la Fédération des entreprises de la beauté (Febea), qui alerte à ce sujet ce mercredi, à l’occasion de la Journée mondiale anti-contrefaçon. Même démarche de l’Union des fabricants pour la protection internationale de la propriété intellectuelle (Unifab), qui compare les ''dupes'' à des « contrefaçons 3.0, commercialisées par des contrefacteurs opportunistes dont les liens étroits avec le grand banditisme ne sont plus à prouver » dans un communiqué de presse publié ce mercredi.
Les jeunes, cibles de choixUne mobilisation face à l’essor des ''dupes''. Car selon une étude C-Ways menée pour la Febea en mars 2025, près d’un tiers des Français a acheté au moins un ''dupe'' au cours des 12 derniers mois. Souvent fabriqués en Asie ou en Turquie, ils sont vendus sur les plateformes d’e-commerce hors Union européenne, mais aussi sur les marchés, chez les destockeurs, par des marchands à la sauvette… Aguichés par le prix, les jeunes sont des cibles de choix. D’autant que les vidéos d’influenceurs vantant les mérites des ''dupes'' sont légion.
S’ils cartonnent, c’est aussi que 96 % des acheteurs n’ont qu’une vague idée des risques encourus, selon le sondage. Car ces produits ne sont pas sans risque sur la santé des utilisateurs : « Ils sont souvent fabriqués hors de tout cadre réglementaire d’hygiène ou de contrôle qualité. Ils peuvent utiliser des ingrédients beaucoup moins coûteux, dont certains peuvent être toxiques, voire des substances interdites en France. Ils ne mentionnent pas toujours les allergènes sur l’étiquette et ne listent pas tous les ingrédients », assure Xavier Guéant. Le risque d’avoir une allergie cutanée après leur utilisation n’est donc pas à exclure. Ces produits peuvent aussi présenter une origine ou des certifications trompeuses. Le site Rappel Conso publie d’ailleurs régulièrement des fiches sur ces produits.
Pas facile de contrer le phénomènePour lutter contre cette concurrence qu’ils jugent déloyale, les adhérents de la Febea « n’hésitent pas à attaquer les fabricants ou les revendeurs de ''dupes'' soit individuellement, soit collectivement », informe Xavier Guéant. Mais ce n’est pas toujours évident. Car les ''dupes'' ne sont généralement pas considérés comme des contrefaçons puisqu’ils ne reprennent pas le nom de la marque, ni son logo et jouent la carte de la grosse ressemblance. Par ailleurs, la fragrance n’est pas protégée comme une œuvre de création.
La DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) ne reste pas non plus de marbre face à ce phénomène commercial. En 2024, elle a révélé avoir sanctionné plusieurs pharmacies qui avaient entretenu « la confusion dans l’esprit des consommateurs entre les parfums standards vendus par ces officines, et des parfums de marques très connues du grand public », précise-t-elle dans un communiqué. Et ce via un tableau de concordance permettant d’associer les propriétés de chaque parfum à celles d’une fragrance commercialisée par une grande marque de luxe. Un signal fort envoyé.
Le Bien Public